Essai. Pan American 1250 : je ne me reconnais même plus en Harley-Davidson

Essai. Pan American 1250 : je ne me reconnais même plus en Harley-Davidson

8 juillet 2021 0 Par JusDorange

Je ne suis pas un « biker ».

Moi qui traîne mes guêtres en roadster au guidon du fabuleux flat twin 1250 cm3 de BMW ou d’une inénarrable Aprilia 850 Mana GT; moi qui double mi-amusé, mi-agacé ceux qui se traînent le pinceau sur leurs brêles amerloques «full barouf» tout de noir vêtus; moi qui préfère la musique de Bach ou de Verdi aux mélopées de Johnny ou aux rengaines folk des «rednecks» du Kentucky, je ne pensais franchement pas qu’un jour, j’allais pousser la porte d’une concession Harley pour essayer – avec beaucoup d’entrain – l’un de leurs modèles. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui, mercredi 7 juillet 2021, jour à marquer d’une pierre blanche, je ne me suis pas reconnu en Harley-Davidson… Même BB en serait restée bouché-bée ! (https://www.dailymotion.com/video/x28ha6)

Une face massive du genre Hummer sur deux roues

Assez fine, la moto reste accessible aux moins de 1m80

Avouons-le : la Harley essayée était plutôt du genre «what the fuck ?» sur ce parking tourné vers une Custum Culture aux codes bien établis. En gros, s’agissant du nouveau trail 1250 Pan America, elle détonnait un peu aux côté des «Gras garçon» (Fat boy), «Bob de la rue» (Street Bob) ou du «Roi de la route» (Road king). Mais affichait malgré tout un petit air de famille dans sa livrée «noir c’est noir», avec sa face massive du genre Hummer sur deux roues.

Si ce design est honni par certains, à moi, il me plaît bien. Car la moto qui semble massive cache en fait une taille de guêpe et même les petits gabarits peuvent s’y jucher. D’autant qu’une option plutôt maline (uniquement disponible sur la spéciale) permet à la moto de s’abaisser lors de la mise du contact, puis de remonter lorsqu’elle roule et de redescendre à chaque fois qu’elle s’arrête… «Une exclusivité mondiale», a précisé notre interlocutrice de la concession Harley-Davidson Châlon-sur-Saône lors de la présentation…

Ainsi, la moto est assez facile à prendre en main. Et c’est tant mieux, car c’est un trail, doté d’un centre de gravité assez haut perché et d’un poids (242 kg en ordre de marche) qui se fait bien sentir sur l’avant. Ce qui rend les manœuvres à basse vitesse un peu délicates, surtout lorsqu’on a pas trop envie de la foutre par terre après avoir lu les mentions du contrat de prêt (en gros, qui casse paie…) Mais dès les premiers tours de roues, on se laisse facilement prendre au jeu de ce gros bouilleur bien coupleux de 145 cv en se disant que si l’on n’y prend garde, «j’irai p’t être au paradis, mais dans un train d’enfer !» Boum-tada, boum-tada…

Quelques détails sont troublants

Quelques détails de finition seraient à revoir, mais en gros, cette Harley-Davidson est une réussite.

Sauf que nous ne sommes pas à Saint-Trop’. Mais sur la petite route de Saône-et-Loire où les pif-paf s’enchaînent à bon rythme. Les automobilistes, prévenus de notre arrivée par les puissants leds du phare de jour (pour peu qu’ils ne roupillent pas au volant), sont vite dépassés. Même pas besoin de rétrograder : un coup d’oeil dans le rétro, clignotant à gauche, on déboîte, on passe en chantonnant toujours les paroles de Serge Gainsbourg : «Quand je sens en chemin, les trépidations de ma maaachiiine, il me monte des désirs dans le creux de mes reins». C’est aussi simple que cela. Et ça pourrait durer longtemps, très longtemps, tant la moto est douce à rouler et confortable.

Quelques détails sont cependant troublants. Le shifter n’est pas proposé sur ce modèle et l’on ne peut pas non plus passer les vitesses à la volée ; la transmission se fait par chaîne, alors que d’une Harley, on aurait plutôt attendu un cardan ou une courroie ; si la moto est plutôt discrète à l’échappement, le conducteur, lui, entend bien que son moulin mouline… Enfin, n’attendez pas du bicylindres de la Pan America le fameux «potato-potato-potato», habituelle signature sonore des productions de Milwaukee.

Bien sûr, cette Harley d’un genre nouveau propose plusieurs modes moteur, une connectivité dernier cri (jusqu’à la cartographie du GPS de votre smartphone renvoyée dans la tablette faisant office de tableau de bord via l’application Harley) et peut se permettre de faire un peu de hors piste, même s’il s’agit d’abord d’un trail routier qui pourra vous faire voyager loin et longtemps sans souffrir le martyr. En cela elle est très réussie, d’autant qu’elle est proposée à un prix plutôt bien placé face à la concurrence : à partir de 15 990 € pour la version de base, 18 290 € pour la version spéciale, très bien équipée. Mais… mais… mais… en ce qui me concerne, un détail vient gâcher ce tableau quasi idyllique : la chauffe très importante du moteur qui, dans la circulation urbaine, doit vite devenir un supplice pour les jambes (surtout la droite). Mais au feu vert, un coup de gaz et ça repart…

On a aimé

  • le design singulier (eh oui…)
  • la position de conduite
  • la souplesse et le couple du moteur
  • la qualité globale

On a moins aimé

  • des détails de finition à améliorer
  • la chaleur dégagée par le moteur
  • devoir la rendre.