Essai. Casque Schuberth C4 Pro : très bien, mais pour la panacée, on repassera !
11 avril 2021
Quand on bourlingue un peu et que l’on traîne ses guêtres au-delà de son quartier, forcément, du matos, on en consomme. Gants, casques, godasses, tout cela s’use vite lorsque la moto est son unique moyen de déplacement. Ainsi, si le casque bol vintage est très bien pour aller faire le beau (ou la belle…) en ville au guidon de son scrambler néo-rétro pétaradant, lorsqu’il s’agit de s’appuyer quatre à cinq cents bornes dans la journée en franchissant montagnes et vallées, on se tournera vers quelque chose de plus sérieux. De germanique, peut-être ? Et pourquoi pas le fameux casque Schuberth C4 pro, dont les critiques semblent élogieuses ?…
A vrai dire, si les casques Schuberth ont toujours eu une très bonne réputation pour leur qualité et le sérieux de la marque, livrés en blanc, noir, gris ou jaune fluo, ils étaient aussi excitants qu’un jour de pluie à Stuttgart. Bref, face au mythique Arai, au sportif AGV et au technologique Shoei, ils faisaient plutôt pâle figure, réservés au segment des geeks et des keufs. Il aura peut-être fallu un ratage monumental, le premier C4, pour réveiller la marque, dont les productions proposent désormais, à défaut d’un design époustouflant, des décos un peu plus fun. C’est le cas du C4 pro Magnitudo que j’ai choisi, qui propose un décor en mappemonde propre à mettre en émoi les géhesse-béhémeux et africatwineurs à valises alu et qui, en version noir mat et gris, s’accorde plutôt bien avec les valoches et l’étrange teinte vert Pollux de ma R1250R.
« Le prix s’oublie, la qualité reste… » Mon œil ! Officiellement, le prix du casque est de 699 € ; ça douille ! Mais en cherchant bien, on en trouve à prix plus doux : hors soldes, j’ai ainsi payé le mien, en boutique sur Lyon, 563 €. Et comme pour une célèbre marque de grolles en voie de disparition, il faudrait être fou pour dépenser plus !
Un heaume haut de gamme
Le casque est livré dans un beau carton, avec un livret mode d’emploi très complet propre à Schuberth. Il faut d’ailleurs enregistrer son casque pour bénéficier de la garantie de 5 ans qu’offre le fabriquant. Mieux : si durant la période de garantie vous vous bourrez et que le casque est foutu, Schuberth vous fera une remise de 2/3 du prix pour l’achat d’un heaume neuf !
Au déballage, le casque en lui-même fait cossu. C’est bien du haut de gamme, les assemblages sont parfaits, la qualité des matériaux réelle. L’intérieur, bien entendu démontable, lavable et antibactérien, est en Coolmax un tissu aussi doux que de la peau de zob ; détail supplémentaire il a aussi été conçu sans couture pour plus de confort.
La visière extra-large est facilement manipulable avec des gants, comme l’ensemble des commandes du casque permettant l’ouverture en jet, la manipulation de l’écran pare-soleil et les aérations. Elle est dotée d’une lentille antibuée Pinlock® 120 montée en usine, qui est la meilleure du marché. Enfin, le casque est prééquipé d’un micro, d’écouteurs et d’une antenne Bluetooth totalement intégrés, permettant de recevoir les systèmes de communication Sena SC1 Avanced et SC2.
Ce casque a été développé en soufflerie, rappelle Schuberth dans sa présentation. Du coup, même à vitesse élevée sur une moto sans bulle, on ne ressent pas d’oscillations en le portant. On peut aussi bouger la tête de droite à gauche en roulant pour admirer le paysage sans craindre d’y laisser ses cervicales… Bref, c’est assez top !
Pourtant, il n’ a pas que du positif
N’allez pourtant pas croire que ce casque, très silencieux de surcroît – avec un bruit mesuré (par d’autres) à 85 db seulement à 100 km/h sur un roadster – soit une sorte de panacée. Car il n’est pas exempt de petits défauts, que je vous livre en vrac. Déjà, il a ses têtes. Comprenez par là qu’il vaut mieux aller l’essayer en magasin, car il ne conviendra pas forcément à toutes les morphologies, même si la gamme des tailles est assez large de XS à 3XL. Ensuite, comme tous les modulables, il est plutôt lourd. Presque 1,8 kg sur la balance en version M (57). De plus, il n’est pas homologué pour rouler ouvert… ce qui peut se comprendre de la part d’une marque misant sur la sécurité, mais qui sera un handicap en été.
Personnellement, je ne le trouve pas facile à enfiler. Les bigleux devront d’ailleurs poser leurs lunettes pour le faire, ce qui est ballot s’agissant d’un casque modulable. Je trouve aussi dommage d’être « enfermé » dans le système d’intercom Sena, même si, là encore, on peut comprendre que Schuberth, qui développe ses casques en soufflerie, n’ait pas envie que les motards y ajoutent un intercom qui viendrait tout gâcher point de vue aérodynamique. Enfin, dernier écueil pour ma part : même si la ventilation est assez efficace grâce à une aération multicanal, il y fait bien chaud, là dessous, à tel point que je ne me vois pas le porter en plein été, sous le cagnard, lors des petites balades.
En conclusion : le Schuberth C4 pro est mon premier casque « haut de gamme » et il va répondre à mes attentes pour les longues routes et mes roulages d’hiver. Mais pour les petites balades d’été, il me faudra autre chose. Mon Nolan N87, sans doute.
Ceux qui ne sont pas attirés par le décor Magnitudo (en exclusivité sur le C4 pro) et ne sont pas rebutés par la sobriété pourront choisir à la place du C4 pro le C4 basic, qui est le même casque vendu (moins cher) sans la pré-installation de l’intercom. Ils pourront aussi choisir le C3 pro, dont le revêtement intérieur est différent et le pinlock d’une génération précédente, mais qui avait fait ses preuves et se trouve désormais à des prix très avantageux pour cette gamme de casques…
On retrouvera ici tous les casques de la gamme Schuberth.
On aime :
- La qualité globale
- La garantie de 5 ans
- L’insonorisation
- La douceur du revêtement
On aime moins :
- Le poids
- La température
- Le prix
Mes autres casques :
- Nolan N87. Un très bon casque de moyenne gamme. L’intérieur est très confortable, il n’est pas trop lourd, l’ensemble offre un rapport qualité-prix assez étonnant. Le seul reproche que je lui fais est d’être assez bruyant, ce qui est gênant sur un long trajet. Détail important : Nolan est l’un des derniers fabricants à proposer des casques réellement « made in Italy ». Mais l’entreprise venant de passer dans le giron de Shark, cela va-t-il durer encore longtemps ?
- Shark Spartan carbon. Pour ce casque, le bilan est mitigé. Il est confortable, léger, mais la qualité des tissus intérieurs laisse plutôt à désirer. En plus, il n’était pas conçu pour recevoir un intercom. En moins d’un an, un trou est apparu sur les joues et le système pour actionner le pare-soleil merdouille (la petite patte est cassée et parfois, le pare-soleil tombe). Certes, l’intérieur peut être changé, mais vu le prix… pas sûr que cela vaille le coup. D’autant que je l’ai bêtement laissé tomber de la hauteur de la moto lors d’un voyage en Italie et qu’il présente une fêlure de la coque plastique…